Chronicles

THE WRITINGS OF FAUCON

You will find several articles dealing with mainly social trends relate to a couples life.  Mr. Leblanc is a columnist for various newspapers and magazines and his writing style says a lot about him.  Hot topics, sprinkled with humor, there is something for any and all readers.

CHRONIQUE
RENCONTRE AVEC MARYANNE CÔTÉ - Le charme de la sincérité (published on 3 April 2017)
Si Maryanne Côté possède un parcours plutôt atypique, sincérité et talent ne sont guère étrangers au succès de l’auteure-compositeure interprète. Celle qui se dévoile sur son premier album 1949, a d’abord conquis de nombreux admirateurs sur les médias sociaux. Fière d’une tournée à travers le Québec, la musicienne dans la jeune vingtaine discute de ses amours et de ses ex, de son lesbianisme et de celui de sa mère et bien sûr, de musique.

Maryanne Côté sort de l’ombre en 2014, gagnant rapidement en popularité sur les réseaux sociaux en partageant des vidéos, où elle y chante seule, s’accompagnant à la guitare. « J’ai été une des premières à faire ça. », explique celle qui n’avait pas l’intention de devenir une vedette instantanée du web: « Je voulais changer quelque chose sur Facebook! J’étais tannée de voir des vidéos plates et violents. J’ai commencé à mettre des vidéos pour mes amis. C’est sûr, ils me disaient que c’était super bon…après c’était pu juste mes amis qui regardaient les vidéos! » Plus de 2 millions de vues plus tard, on peut en effet affirmer que Maryanne est désormais sortie du cercle amical. Aujourd’hui, l’auteure-compositeure-interprète continue d’embraser les médias sociaux; le 25 février dernier, son concert à la Place des Arts fut retransmis intégralement et en direct sur sa page Facebook, une première sur la scène musicale québécoise: « C’est mon gérant qui a eu cette idée-là. Il trippe ben raide sur les médias sociaux. Il voulait faire son premier live avec plusieurs angles de caméra. » Si les médias sociaux mènent certains à une carrière florissante, plusieurs demeurent anonymes ou deviennent cibles d’intimidation. Pour Maryanne, ce fut plutôt rose: « et je suis tellement contente. Je te dirais que 3 personnes ont fait des commentaires désagréables…tsé, ceux qui veulent me faire chier!»
 
Cette façon honnête et spontanée d’interagir avec le public semble à la base de l’expression artistique de Maryanne. La chanson 1949 constitue un bel exemple; la jeune femme « autodidacte, 21 ans, qui fume accoté » se présente jusqu’à donner son (vrai) numéro de téléphone, afin que son ex-copine la recontacte, si jamais…« On s’est revu, il y a 2 semaines, pis c’est fini là! » Plusieurs chansons de 1949 sont inspirées de cette relation, dont  Ton nom et La bonne. Maryanne « écrit pour se vider » comme elle le chante dans C’est avec ça que j’ai grandi: « Dans chacune de mes chansons, ce que j’écris c’est ce que je ressens. Je suis honnête. J’ai été élevé comme ça. Je ne serais pas capable de faire des longues phrases qui veulent rien dire et qui font penser que peut-être que c’est de ça que je parle.» Celle qui ne prêche pas par la métaphore n’hésite pas à chanter ses paroles à la fois crues, drôles et touchantes, tel la chanson Ton corps m’aime un peu plus que toi. « Souvent quand j’écris une toune, ça me prend 10 minutes. Tout sort en même temps…Je ne suis pas capable d’écrire sur plusieurs jours, car une journée je vais me sentir comme ça et le lendemain, je vais me sentir autrement. »
 
En 2016, suite à la sortie de l’album 1949, le premier extrait radio Ma Petite Soeur se retrouve successivement «Buzz du mois» sur Énergie et «Talent à découvrir» sur Rouge FM, alors que le vidéoclip C’est avec ça que j’ai grandi est visionné plus de 90 000 fois. Comment Maryanne gère-t-elle ce succès, du web à la réalité? « Rien n’a changé dans ma vie, à part que je fais des spectacles maintenant! C’est pas que j’essaie de rester normale, mais je suis normale! J’ai moins le temps de voir mes amies ou de sortir, car je concentre tout sur ma musique et mon travail », ajoute celle qui travaille comme chauffeur de lift dans une usine depuis sept ans. Ses collègues ont su qu’elle chantait lorsque l’album est sorti: « Leur regard a changé, car ils ne s’attendaient pas à ça! Maintenant, ils comprennent pourquoi je m’enferme dans le bureau et que j’ai l’air folle en parlant (chantant) toute seule! Parfois, je suis en train de brailler, car j’écris une toune. C’est juste drôle! » Dans ce milieu de travail très masculin, l’orientation sexuelle de Maryanne ne pose pas problème, aux dires de la principale intéressée: « Oh les gars sont contents je pense! Parfois ils me posent des questions, ils sont curieux. Depuis que j’ai dit que j’étais lesbienne, la seule personne qui m’a jugée, c’est moi! Par peur, j’ai attendu. Lorsque je l’ai dit, je me suis dit: Ayoye, c’est juste ça?! J’ai attendu tout ce temps de ma vie pour être heureuse… », explique celle qui a fait son coming-out à 18 ans. Dans sa chanson, C’est avec ça que j’ai grandi l’auteure-compositeure-interprète explique qu’elle était rejetée à l’école, de par son allure de garçon manqué. Aujourd’hui, l’intimidation en milieu scolaire en raison de l’orientation sexuelle est un sujet de l’heure: « Justement, il y a plein de jeunes qui m’écrivent et je leur dis qu’il faut en parler! Hier, j’écoutais le film 1:54 (de Yan England) et je suis encore sous le choc! Il faut vivre notre vie, pas celle des autres! »
 
Avant de signer avec sa maison de disque, Maryanne n’a pas craint d’exposer son orientation sexuelle: « Je pense que je suis dans une génération où il y a beaucoup moins de tabou. Mettons que j’aurais 30 ans, ce serait peut-être autre chose… Je vais t’avouer quelque chose: ma mère est lesbienne. En fait, elle a rencontré sa première blonde au même moment où j’ai rencontré la mienne! Donc je n’ai pas eu de pression de mes parents et je ne me suis pas posé de questions à savoir si j’en parle ou pas dans mes chansons. Pour moi, c’était normal. » Quelle fut la réaction de Maryanne au coming-out de sa mère? « Oh, j’étais fâchée! Tsé c’est bizarre dit de même, mais je vis vraiment dans un monde d’hétéros; je n’ai pas d’amies lesbiennes et je suis vraiment toute seule dans mon petit monde sur la Rive-Sud. Lorsque j’ai découvert que ma mère était lesbienne - en fouillant dans son cellulaire - j’étais fâchée, car je n’avais pas envie d’être différente et continuer à me faire écoeurer…Ca m’a pris un mois avant de lui en parler. Entre-temps, j’ai rencontré une fille, alors je n’avais pas le choix d’accepter cette réalité-là! » Fait plutôt inusité: sa propre acceptation passe par le coming-out de sa mère. « Je ne voulais pas entendre ces mots-là! Je faisais semblant d’aimer des gars, pour ne pas être confrontée à ma réalité ». Suite à son acceptation, tout déboule pour Maryanne. De ses amours, naîtront de belles chansons.
 
Assurément, Maryanne est en train d’écrire les premières pages d’une carrière florissante, à une époque où, selon la principale intéressée, son orientation sexuelle ne crée pas d’embûche, au contraire: « Mes musiciens me disent lors de mes shows: Aie Maryanne, il n’y a que des lesbiennes dans la place! » D’ailleurs, dans sa chanson 1949, Maryanne donne son numéro de téléphone. «Oui plusieurs m’appellent…Au début, lorsque je l’ai mis sur Facebook, je recevais 10 appels par jour, là c’est plus 1 par jour.» Beaucoup veulent «dater», confie Maryanne, «mais je ne pensais pas à ça du tout! Je me suis dit mettons que j’arrive à La Voix, qu’est-ce que j’ai envie de dire? Là, j’ai commencé ma présentation: Nom, âge, d’où je viens. Lorsque mon gérant m’a demandé on mets-tu ton vrai numéro de téléphone? J’ai dit oui j’y suis trop attaché! » Et de conclure Maryanne: « Mais ça me fait un peu chier…car beaucoup veulent « dater », mais j’ai pas le temps!» 
 
 
L’album 1949 de Maryanne Côté est disponible en magasin 
et sur le web. Facebook: https://www.facebook.com/maryanneofficiel

 
Par Julie Vaillancourt
Sur: www.fugues.com